L’Origine Des Collections

L’Origine Des Collections

Ce que pensent plusieurs experts de la collection du musée français de la photographie

Depuis des décennies, la collection du musée de Bièvres fait beaucoup parler d’elle. Mais qui la connait vraiment à part les collaborateurs qui la gèrent ?

Elle est le reflet de ce que Jean FAGE a toujours voulu depuis la création : associer les images et les matériels photographiques.

De ce point de vue, elle est exceptionnelle car l’une des rares à permettre cette association de la technique et de l’artistique pour avoir une vue d’ensemble.

Près de un million d’images de tous formats, embrassant les sujets les plus divers, provenant d’achats et de dons.

Ce qu’en dit Julie CORTEVILLE, ancienne conservatrice en chef du musée de Bièvres :

« L’extrême diversité des collections avec ses redondances et ses lacunes retrouve toute sa cohérence dans la problématique des usages et des représentations. Parce que la collection recoupe toutes les techniques, tous les supports d’impression, toutes les pratiques et toutes les visions de la photo, même de façon partielle et inégale, elle peut tenir un discours essentiel sur la photo, quel que soient le sujet et les attentes d’un territoire, d’un public ou d’une institution. Le Musée peut donc se glisser partout dans notre société, là où on l’imagine mais aussi là où on ne l’attend pas. L’avenir est totalement ouvert pour ce projet en devenir dont seule la destination finale reste encore inconnue ».

On néglige parfois de parler de l’importance de la documentation technique, modes d’emploi et autres revues techniques françaises et étrangères que la collection du musée comporte. C’est pourtant un capital inestimable.

Ce qu’en dit Françoise DENOYELLE, Professeur des universités émérite :

« La collection de documentation technique et commerciale sur la photographie avait naturellement retenu mon attention et suscité bien des espoirs, les sources disponibles étant rares. J’avais toujours en tête ces belles archives souvent évoquées, jamais explorées.

Il faut aujourd’hui les faire connaître aux jeunes chercheurs, mais aussi à un plus large public. »

La collection de matériels photographiques est tout à fait impressionnante par sa diversité, son importance et sa représentativité.

Elle a fait l’objet de recherches constantes de la part des fondateurs et de leurs successeurs, pour rassembler tout ce qui permet aujourd’hui de comprendre les évolutions de la technique de prise de vue depuis la première photo de Niepce jusqu’à la révolution apparue avec l’image numérique.

Ce qu’en disent Jacques HÉMON, journaliste et analyste du marché de la photographie et Rémi CALZADA, Conservateur du patrimoine, directeur adjoint du musée français de la photographie :

« Chambre de Daguerréotype, automate de photographie d’identité, boîte de peinture et pupitre de retouche, logiciel de traitement d’image, mobilier de photographe de quartier, distributeur de films à monnayeur, banc de reproduction industriel, appareil briquet, fond de studio en trompe l’œil, tireuse automatique de laboratoire, smartphone… ces pièces conservées par le musée français de la photographie, parmi 25 000 autres témoignent de la diversité des outils photographiques qui se sont succédé au cours des décennies et du dynamisme industriel et commercial au service d’un marché florissant, autant que la vitalité d’un mode de création populaire.

Cette sélection d’objets photographiques permet d’étendre le champ du photographique à un périmètre plus large que la seule production des auteurs, généreusement exposée par les institutions culturelles et les musées. Inclure les aspects plus triviaux du développement de la pratique photographique, liés au consumérisme, n’est d’ailleurs pas pour autant faire l’apologie de l’opportunisme commercial des entreprises qui l’ont soutenu, souvent au prix d’une obsolescence technologique accélérée. »

Ou encore :

« Ainsi, dans leur grande majorité, les objets de la collection du musée français de la photographie ont été pensés et fabriqués artisanalement ou industriellement pour réaliser des images permettant aux uns de se souvenir, d’informer, de créer, de communiquer, de s’amuser ou de dialoguer, et aux autres…. d’en tirer profit !

Mais le musée ne se limite pas à souligner les aspects politiques, socio-économiques et culturels à l’œuvre dans la création et les usages de ces objets techniques qui couvrent toutes les étapes de la production photographique, de la prise de vue à sa diffusion, en passant par sa conservation. Il met également en lumière l’ingéniosité souvent surprenante des mécanismes, le design très réfléchi et intemporel de certains boîtiers, et l’esthétique souvent liée aux courants artistiques de l’époque. »

Nota : Les citations des experts sont extraites de l’ouvrage « Une autre histoire de la Photographie » co-édité en 2015 par le Conseil départemental de l’Essonne et Flammarion.

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